lundi 1 août 2016

Pourquoi GMS et Transformateurs Laitiers sont de bien bons Samaritains

Je le dis d'emblée, il est possible qu'il y ai une clé de lecture pour ce qui suit. Que vous la choisissiez ou pas n'est pas de mon ressort.

Comme l'ont fort justement proclamé la Fédération Nationale de l'Industrie Laitière aujourd'hui, ou Lactalis il y a quelques jours, et même les coopératives il y a quelques semaines, les transformateurs de lait multiplient les mesures se soutien aux producteurs de lait: prix supérieurs de 20% par rapport à des pays concurrents soigneusement choisis, compléments de soutien ponctuels, ristourne de 0,35 centimes le litre annuelle (dont 0,15 centimes en parts sociales). On ne peut que le constater, l'effort est massif et généreux!

En France, il existe au moins 4 ou 5 grandes centrales d'achats et autant de gros industriels laitiers et coopératives, soit beaucoup plus que les 3 acteurs au minimum requis pour constituer un oligopole par exemple. Nul danger de ce côté.

Les enseignes de la grande distribution, elles, ne peuvent augmenter les prix des produits laitiers de manière concertée, ce serait une entente. Elles ne peuvent le faire non plus individuellement, au risque de perdre des parts de marché et de mettre en péril leurs salariés. Il en est de même pour les transformateurs de lait.

La fixation des prix est libre en France, et le système fort transparent des appels d'offre pour la fourniture d'un marché assure au consommateur le meilleur prix possible, en baisse constante depuis plus de 50 ans. En aucun cas cette baisse n'est due à la volonté des GMS de faire des produits laitiers des produits d'appel pour attirer le consommateur dans leurs rayons les plus profitables.

Nulle entente n'est possible, et l'autorité des marchés veille au grain! Si il y a eu ententes par le passé, ce n'est que le fait d'individus mal intentionnés, et pas du tout un système bien établi, concerté et qui persisterait aujourd'hui.

Afin de conforter la filière, de préserver l'emploi (et pas du tout pour augmenter les bénéfices ou rémunérer les actionnaires ou augmenter sa fortune personnelle), grandes surfaces et transformateurs doivent préserver leurs marges, il est donc fort logique qu'ils se retournent vers les producteurs de lait et leur intiment d'accepter des prix toujours plus bas.

Les producteurs ont bien évidemment toute latitude pour refuser ces baisses: ils ne sont liés à leurs acheteurs que par des contrats de 5 ans tacitement renouvelable, qu'ils ne sont évidemment pas obligés de signer sous peine d'arrêt de collecte. Au terme de ces contrats ils peuvent très aisément changer de laiterie, aucun accord de répartition des producteurs n'existant entre elle, aucune autre pression n'étant envisageable.

Les contrats incluent des grilles de calcul de prix parfaitement élaborées incluant à peu près tous les critères favorisant une baisse de ce prix, et aucun valorisant les atouts du lait français.

C'est donc bien volontiers que les producteurs acceptent cette baisse du prix, rassurés par les mesures de soutien octroyées par l'aval de la filière, et on peut le dire, par leur bienfaiteurs.

De toute façon, une hausse de prix décidée par les producteurs collectivement seraient aussi une entente, donc illégale, et une baisse de la production pour créer une pénurie momentanée susceptible de faire monter naturellement les prix ne saurait être que le fruit du hasard le plus total: aucune entente n'étant possible sur les volumes produits non plus, il faudrait que simultanément tous les producteurs décident individuellement, au même moment ou presque,de produire moins de lait au risque de ne plus pouvoir payer ses factures et de faire faillite.

Ce système parfaitement rodé assurent donc des prix bas payés aux producteurs, et par le consommateur, et maintien l'emploi et l'activité au sein des transformateurs et de la grande distribution.

Hors de question donc d'apprendre dans les prochains jours que tel ou tel industriel verse des dividendes beaucoup plus élevés à ses actionnaires ou bondit dans le classement des fortunes françaises!

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